D'Isabelle Filliozat à Caroline Goldman : mon avis de pro sur les livres sur l'éducation des enfants
- Marianne Bertrel
- 1 déc.
- 9 min de lecture

Quand on devient parent, on se retrouve souvent submergé par une multitude de conseils contradictoires. Entre l'éducation positive, la parentalité bienveillante et les méthodes plus "traditionnelles" peut-être trop stricte, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Aujourd'hui, je vous partage mon retour d'expérience sincère sur plusieurs livres phares qui ont marqué mon parcours parental et professionnel.
Les livres d'Isabelle Filliozat : la théorie séduisante face à la pratique
Mon expérience avec l'éducation positive
Il y a quelques années, j'ai été une fervente adepte d'Isabelle Filliozat. Ses livres comme "Au cœur des émotions de l'enfant" et "J'ai tout essayé" m'ont complètement séduite. J'étais tellement convaincue que j'ai même organisé une conférence avec l'une de ses collaboratrices dans ma ville. Aujourd'hui, je l'avoue, je regrette un peu cette décision.
Ce que j'ai apprécié
La théorie de Filliozat est indéniablement séduisante. J'aime beaucoup l'importance qu'elle accorde à la communication avec son enfant, ce besoin d'expliquer et de verbaliser qui me semble fondamental. Son refus catégorique de l'humiliation et de la violence envers les enfants, ainsi que la prise en compte de leurs émotions, sont des apports majeurs à la parentalité moderne. Ces principes sont devenus, heureusement, une évidence pour la plupart des parents d'aujourd'hui. Et il faut reconnaître à Isabelle Filliozat le mérite immense d'avoir lancé une véritable croisade pour faire cesser les violences faites aux enfants.
Où le bât blesse : le fossé entre théorie et pratique
Mais dans la vraie vie, la pratique, c'est une tout autre histoire. Après plusieurs années d'application, je me suis rendue compte que cette pédagogie manque cruellement d'outils concrets pour certaines situations qui se répètent au quotidien.
Internet regorge maintenant de milliers de témoignages de parents épuisés qui confient ne jamais faire assez bien, se retrouver toujours à craquer, être dans un épuisement absolu avec l'impression de devoir toujours en faire plus. Comme le témoigne cette maman sur un blog : "J'ai lu les fameux livres d'Isabelle Filliozat. Dedans, j'ai surtout retrouvé des techniques, des astuces, qui fonctionnent un temps et puis cessent."
L'épuisement du parent parfait
Le problème majeur de cette approche ? Elle a plongé une grande partie de la nouvelle génération de parents dans l'épuisement de vouloir devenir le parent parfait. Certains ont poussé le concept à l'extrême, d'autres ont simplement réalisé qu'il n'y avait aucun vrai conseil pratique dans ces livres, seulement de la théorie. Parfois même, certains grand-parents ne souhaitent plus garder leurs petits-enfants. Aujourd'hui, de très nombreuses professionnelles de l'enseignement ou de la petite enfance se plaignent d'avoir vu leurs difficultés croître durant les dernières années : des enfants qui mordent, tapent et hurlent, sans qu'à aucun moment les adultes ne se rendent compte que ces enfants terrorisent leur entourage et pourraient développer de grosses difficultés dans l'acquisition du processus de régulation émotionnelle normal.
De nombreux "super parents" qui formaient même d'autres parents à l'éducation bienveillante ont fini par avouer publiquement que cette approche les avait fait souffrir et qu'ils avaient dû prendre du recul pour ré-envisager leur parentalité autrement. Une professionnelle témoigne : "La principale différence chez les parents d'aujourd'hui, c'est qu'ils sont hyper stressés. Et ils sont épuisés." Ces propos illustrent parfaitement le paradoxe : une méthode qui devait apaiser les relations familiales finit par générer stress et culpabilité.
"L'éducation approximative" : un bol d'air frais
Ce livre apporte un regard complètement différent. Contrairement aux ouvrages de Filliozat, il propose quelques exemples plus concrets et surtout, il est profondément déculpabilisant.
Mon avis
Pour moi, ce n'est pas vraiment un livre d'éducation au sens strict. C'est avant tout un livre d'humour qui va aider beaucoup de parents à :
Dédramatiser les situations du quotidien
Se sentir moins seuls dans leurs difficultés
Relativiser leurs "échecs" parentaux
Accepter l'imperfection
Parfois, on a simplement besoin de rire de nos déboires de parents et de se dire que non, on n'est pas les seuls à ne pas y arriver parfaitement. Et ça, c'est déjà énorme.
"File dans ta chambre" de Caroline Goldman : mes à priori se sont effondrés
Pourquoi j'hésitais à lire ce livre
Comme beaucoup de parents, je m'étais trompée sur le travail de Caroline Goldman. J'avoue avoir eu des à priori sur cette psychologue car elle est victime de beaucoup de désinformation et de détournements de ses propos sur les réseaux sociaux. Je m'attendais à des recommandations extrêmes comme enfermer un bébé d'un an seul à double tour dans sa chambre, punir un enfant incontinent, ou prôner un retour à l'autoritarisme brutal.
Ce que j'ai vraiment découvert
Mais j'ai découvert tout autre chose. Bien sûr, je ne suis pas alignée avec tout ce que Caroline Goldman écrit dans son livre, mais je l'ai trouvé plutôt plein de bon sens. Sa "feuille de route" et son approche me semblent bien plus réalistes que bon nombre d'ouvrages sur le sujet de l'éducation.
Je parle ici en tant que professionnelle de l'éducation mais aussi en tant que maman de 3 enfants. Et cette double casquette m'a permis d'évaluer concrètement l'applicabilité de ses conseils.
Les points sur lesquels je ne suis pas alignée
Le complexe d'Œdipe
Au début du livre, Caroline Goldman fait référence au complexe d'Œdipe et donne des conseils pour éviter que l'enfant n'entre dans ce complexe. Je ne suis pas à l'aise avec cette théorie psychanalytique élaborée par Freud, qui a été largement critiquée et réfutée ces dernières années.
Il me semble que si le parent du sexe opposé n'entre pas du tout dans un rapport ambigu avec son enfant, le petit n'aura jamais une telle idée de vouloir épouser son père ou sa mère. Cette partie du livre m'a un peu refroidie au démarrage de ma lecture, mais je vous invite tout de même à le lire et à passer outre.
Les âges d'application de la feuille de route
Voici mon principal désaccord : Caroline Goldman préconise le time out, le fait de mettre l'enfant à l'écart pendant quelques instants, à partir de 1 an. À cet âge-là, il me semble que le tout-petit n'a pas encore la capacité cognitive de comprendre la "punition".
À ce stade, je préconise plutôt de montrer une opposition ferme quand bébé transgresse les règles, qu'il s'agisse de frapper, mordre, jeter fort des jouets ou son assiette. Cela peut se faire grâce à une main levée qui signifie "Halte", en disant un "Non" ou un "Stop" ferme, ainsi qu'avec une expression du visage adéquate évidemment. Mais aussi en valorisant le comportement attendu avec des phrases comme "Oh regarde comme ton amie est contente car tu lui as fait un câlin", "Tu peux caresser le chat oui, c'est bien" ou "Ah aujourd'hui tu as bien laissé l'assiette sur la table, bravo ! Regarde comme le sol reste tout propre".
Selon moi, c'est seulement à partir de 18 mois ou 2 ans , suivant le niveau d'éveil de l'enfant, que l'on peut commencer à utiliser la feuille de route de Caroline Goldman, en fonction du niveau de compréhension et de langage de l'enfant.
Ce que j'ai pu tester et valider
Le Time Out : une solution simple et adaptable
Le principe du Time Out est une solution toute simple qui peut s'adapter à l'enfant, à son âge, à son tempérament, sa sensibilité.
Je pratique ce temps de retour au calme dans la chambre de mes enfants depuis qu'ils ont chacun environ 3 ans. Au début, je ne trouvais pas ça tellement efficace, mais en lisant le livre de Caroline Goldman et en réajustant ma pratique, j'ai obtenu de vrais résultats.
Témoignage d'une maman qui a appliqué la méthode
Récemment, j'ai conseillé ce livre à plusieurs mamans qui rencontraient des difficultés avec le comportement de leurs enfants. Voici l'un des retours que j'ai reçus d'une maman qui a, en plus, pris rendez-vous avec une psychologue de son secteur :
"Depuis que j'applique le time out comme Caroline Goldman le recommande, les crises ont diminué de moitié. Mon fils de 4 ans comprend maintenant que certains comportements ne sont pas acceptables. Et surtout, je ne crie plus ! Avant, j'étais épuisée par les négociations sans fin recommandées par l'éducation positive. Maintenant, la règle est claire : s'il frappe sa sœur, il file dans sa chambre 4 minutes. Point. Et ça marche !"
D'autres témoignages de parents confirment cette efficacité : "J'ai acheté ce livre alors que je traversais difficilement la fameuse crise du 'terrible two' de mon fils... et cela m'a réellement aidée ! En appliquant cette méthode simple, pleine de bon sens et respectueuse de l'enfant, nous avons enfin trouvé une issue à ses accès de colère incessants."
Ou encore ce témoignage d'une maman qui n'arrivait pas à maintenir un endormissement serein, malgré que sur le plans des habitudes de sommeil nous avions tout mis en place correctement. Je me suis permise de lui suggérer des réajustements éducatifs en général car elle me confiait être à la limite du burn out parental et me décrivait des comportements d'un enfant colérique, car sans vraie limites éducatives posées. Voici son retour :

Parfois, les parents pensent que c'est l'enfant qui a un "problème" et qu'il doit suivre une thérapie, hors c'est aux parents de modifier leurs méthodes éducatives.
Un mouvement de fond : les parents en ont marre
Comme le souligne Caroline Goldman elle-même : "Les parents en ont marre de l'éducation positive". De nombreux témoignages affluent de parents qui, après avoir tenté l'éducation bienveillante à la Filliozat, se tournent vers des approches plus équilibrées.
Ces parents ne rejettent pas en bloc l'idée de bienveillance, mais ils recherchent des outils concrets qui ne les épuisent pas et qui permettent vraiment à leurs enfants de grandir dans un cadre sécurisant.
Mon livre : "Mon bébé autonome" de Marianne Bertrel - Une approche modérée et concrète pour les plus petits
Après avoir passé 15 ans auprès des enfants en tant que ludothécaire, animatrice petite enfance, assistante maternelle et éducatrice Montessori directrice d'une crèche, j'ai souhaité partager ma propre vision dans mon livre "Mon bébé autonome".
Une éducation du juste milieu
Ce livre propose une éducation modérée que j'applique autant que possible avec mes 3 enfants, qui prend le meilleur de chaque approche sans tomber dans l'extrême. Il s'agit d'une parentalité qui respecte profondément l'enfant sans pour autant en faire un "enfant roi". Même n'aime pas cette expression car elle sous-entend que l'enfant est mauvais par essence alors qu'il ne demande qu'à apprendre les codes et le vivre-ensemble. J'y présente comment accompagner les émotions des enfants tout en évitant les négociations sans fin qui épuisent les parents. L'autonomie y est encouragée de manière progressive, toujours dans un cadre sécurisant qui rassure l'enfant. Enfin, la communication reste bienveillante mais elle est couplée à des limites claires et non négociables.
Des idées concrètes pour le quotidien
Contrairement à de nombreux ouvrages théoriques, "Mon bébé autonome" regorge d'idées concrètes et directement applicables. En 6 chapitres qui sont autant d'aspects du développement du jeune enfant (sommeil, alimentation, jeu, continence, émotions, vie quotidienne), le lecteur découvrira comment développer l'autonomie de son enfant. Chaque chapitre commence par une partie théorique sur la physiologie avant de présenter des outils pratiques et des mises en situation.
L'autonomie est un formidable booster de confiance en soi et c'est ce beau cadeau que les parents peuvent offrir à leur enfant : une aisance à gérer son corps et ses émotions, mais aussi le plaisir de prendre soin de soi.
Pour qui est ce livre ?
Ce livre s'adresse particulièrement aux parents qui sont fatigués des injonctions contradictoires et qui cherchent des solutions modérées pratiques et réellement applicables. Il convient à ceux qui veulent favoriser l'autonomie de leur enfant dans une approche équilibrée, ni trop stricte ni trop laxiste. Beaucoup de parents ont besoin de retrouver confiance en leur intuition parentale, et c'est précisément ce que ce livre propose de faire.
Trouver son propre chemin
Mon parcours et ma vie de maman de 3 enfants m'ont appris une chose essentielle : il n'existe pas de méthode parfaite. Chaque enfant est unique, chaque parent est différent, et chaque famille doit trouver son propre équilibre.
L'important n'est pas de suivre aveuglément une méthode, mais de prendre ce qui nous correspond dans chaque approche et d'adapter les conseils à notre réalité. Il faut accepter notre imperfection, ne pas se laisser culpabiliser par des injonctions impossibles à tenir, et surtout faire confiance à notre instinct de parent.
Que vous soyez tenté par l'éducation positive de Filliozat, l'humour déculpabilisant de "L'éducation approximative", le cadre structurant de Caroline Goldman, ou l'approche équilibrée de "Mon bébé autonome", l'essentiel est de trouver ce qui fonctionne pour vous et votre famille.
Et rappelez-vous : un parent imparfait mais présent et aimant vaut mieux qu'un parent épuisé qui cherche la perfection.
Avez-vous lu certains de ces livres ou d'autres ? Quelle est votre expérience avec les différentes approches éducatives ? N'hésitez pas à partager votre témoignage en commentaire ! J'aimerais vos conseils lecture pour ajouter des livres à cet article.
Ressources complémentaires
Pour aller plus loin :
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