Avant de me lancer dans l'accompagnement à la parentalité, j'ai passé 15 années "sur le terrain" dans le milieu de la petite enfance. Durant toutes ces années j'ai pu suivre différentes formations super enrichissantes. Parmi celles-ci, deux formations sur la pédagogie Montessori et une de ludothécaire. Que ce soit à la maison avec mes enfants ou dans les transmissions que je fais aux parents, j'applique souvent les principes montessoriens, mais l'expérience m'a amené à en remettre en question certains. Mon expérience en crèche, au contact d'autres éducatrices, mais aussi ma réalité de maman m'ont permis de faire évoluer mes pratiques. Voici les 3 principes montessoriens que je ne conseille pas d'appliquer à la lettre, sans y réfléchir en amont.
1 - Le choix des lectures.
Selon la pédagogie de Maria Montessori, il est préférable d'éviter les livres qui contiennent des personnages fantastiques (pas de magie ou d'anthropomorphisme) car le tout jeune enfant (moins de 6 ans) doit pouvoir s'ancrer dans le réel, avant de développer son imaginaire. La littérature jeunesse est si riche aujourd'hui que ce serait vraiment dommage de priver de certaines pépites comme "J'y vais", "La couleur des émotions", "Oh non George !", "De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête", "Grosse colère", "C'est moi le plus beau/fort" pour ne citer que celles-ci. Un tout-petit est capable de s'identifier à un personnage non humain ou d'y trouver un intérêt pour l'accompagner dans sa gestion des émotions ou d'autres aspects de sont développement. Si vous arrivez à équilibrer entre les lectures fantastiques et d'autres livres mettant en scène des personnages d'enfants dans leur vie quotidienne, ce sera parfait ! Voici quelques titres de livres bienveillants, mettant en situation des enfants dans leur quotidien : tous les livres Lovevery vendus avec les kits de jeux (scènes du quotidien avec photos), la série des Balthazar, les histoires d'Archibald et de Caillou, Mes histoires signées par Marie Cao, la série "L'enfant et..." de Benji Davies ou encore tous les livres de Jeanne Ashbé.
2 - Le lit au sol.
Maria Montessori préconisait de faire dormir bébé dans un berceau sur un topponcino (fin matelas imprégné de l'odeur de bébé) puis dans un lit au sol, passé quelques mois. Chaque individu n'a tout simplement pas le même rapport au sommeil, ni la même façon de créer l'apaisement, nécessaire au lâcher prise que demande l'endormissement. Il est donc impossible de calquer une même méthode sur tous les enfants. Chaque semaine, j'accompagne des familles qui ont mis en place ce système de lit au sol, en pensant bien faire, suite au visionnage de vidéos sur les réseaux sociaux ou à la lecture d'articles de blogs. Et pourtant, lors de l'accompagnement on s'aperçoit très vite que l'enfant a besoin de contenance ou qu'avant environ 3 ans il n'est pas forcément capable d'apprécier l'activité du sommeil. Il n'a donc pas la maturité nécessaire pour rester dans son lit, sur les temps de dodo dont il a pourtant besoin. Parfois c'est pratique pour une maman qui allaite son bébé. Il peut être tout à fait judicieux pour des enfants, comme ma fille aînée, qui est une super dormeuse. Le lit au sol peut aussi convenir pendant quelques temps, mais devoir être changé lors d'une régression de sommeil. Ce type de régression peut survenir quand l'enfant commence à se déplacer ou quand il développe des peurs au moment du coucher, autour de 2 ou 3 ans. Il est important d'observer, de ne pas rester bloqué sur une idée parce que c'est en vogue ou que la voisine fait la même chose et que ça fonctionne pour son enfant. Lorsque je travaillais en tant qu'assistante maternelle ou directrice de crèche, j'ai pu observer bien des situations différentes. Avec mes 3 enfants, j'ai également dû m'adapter. Ma fille aînée a toujours dormi dans un lit de ce type. À 10 mois elle se couchait seule. Mais très vite avec mes deux autres enfants, j'ai compris que ça ne serait pas possible avant de pouvoir leur expliquer l'intérêt du sommeil. En tant qu'éducatrice Montessori j'étais bien sûr un peu déàue, mais mon fils était bien trop curieux pour rester dans son lit, alors qu'il s'endormait paisiblement en quelques secondes dans un lit parapluie. Et ma 3eme fille a un besoin de contenance tel qu'il ne pourrait pas être comblé par ce type de lit. Ton enfant peut tout à fait développer des capacités d'autonomie en rapport avec le sommeil, en mettant son pyjama tout seul par exemple.
3 - L'absence de jeu.
Maria Montessori déconseillait le jeu symbolique ("faire semblant") pour que l'enfant puisse développer des compétences concrètes et apprendre en premier lieu à prendre soin de lui, de son environnement, grâce aux activités de vie pratique notamment, mais aussi développer sa motricité. Les activités de l'enfant sont considérées comme du travail, il n'y a pas de place pour l'imaginaire durant le petite enfance. Dans un environnement purement montessorien, il n'y aura pas de cuisinette pour jouer à la dînette, mais un vrai espace de cuisine équipé d'ustentiles fonctionnels, avec un accès à un point d'eau par exemple. La cuisinette permettra de cuisiner "pour de vrai". Or de nombreux psychologues, pédagogues ou éducateurs ont venté les mérites du jeu dans le développement de l'enfant. Jean Piaget a notamment mis en avant l'importance du jeu symbolique durant le stade de développement qu'il a nommé "pré-opératoire", entre 2 et 7 ans. Ce type de jeu permet le développement du langage, l'intégration de codes sociaux et culturels (politesse, habitudes alimentaires,...), de développer la confiance en soi, le sentiment d'appartenance à un groupe (famille, collectivité,...) ou encore de stimuler la créativité et l'imagination. Le jeu est un acte fondamental dans le développement de l'enfant. Un petit qui joue n'est pas oisif, il se construit.
Pense à laisser un petit cœur en bas de l'article si tu l'as apprécié. ;)
Comentarios